Modem, Mouvement Démocratique, pas si démocratique ?

Seule véritable nouveauté sur le pays politique, du moins c’est présenté ainsi par Bayrou, et ma foi il a pas entièrement tord. Mais peut on faire du neuf avec du « vieux » ? La question se pose. J’ai suivi de plus ou moins prêt la « création » de ce nouveau parti, création qui part de loin avec l’entrée de Bayrou à l’UDF il y a quelques années, la création de l’UMP qui mangerait toute la droite de l’échiquier puis la victoire de Sarkozy (ce qui peut poser problème à une droite dite modérée). Ce week end congrès et là quelques constats malheureux… Le Mouvement Démocratique ne semble pas si démocratique que ça : premiers problèmes, premiers combats pour les nouveaux venus, et pour mieux comprendre un article de Lancelot (Luc Mandret) décrivant ce congrés.

C’est mal : j’ai séché la matinée de ce dimanche du congrès du MoDem. J’ai bouffé du Bayrou hier de 11 heures du matin à 20 heures du soir, je suis en overdose. Congrès du Mouvement Démocrate donc. J’en reviens tout d’abord avec une déception : celle de n’avoir pu faire autant de vidéos que j’aurais souhaité. J

J’en reviens surtout avec un goût amer. Celui d’appartenir à un mouvement démocrate guère démocratique. Je n’ai cessé de dire hier que ce congrès ressemblait à un congrès du PC du début des années 80. François Bayrou en Georges Marchais, Ce Parti Communiste qui commençait à perdre son influence et donc verrouillait tous les organes. Ce MoDem, dont les fuites effraient les habitants du « Château », les bureaux de Marielle de Sarnez et de François Bayrou. Et le siège du MoDem qui cloisonne tout, qui se retranche seul dans sa forteresse pour mieux vérouiller et contrôler.

Un Bayrou glorieux président d’un mouvement aux pratiques soviétiques. Imaginez : le vote de 83 amendements à mains levées. Vote de ces amendements seul intérêt de ce congrès. Et chaque fois que des minoritaires soutenaient et levaient la main pour soutenir une proposition, forcément l’on pouvait les dévisager. Le vote des amendements, c’était un défenseur de cet amendement au bas de la tribune, ayant 1mn30 pour l’expliquer. Ensuite François Bayrou tout puissant donnait sa consigne de vote. François Bayrou, sur la tribune, entouré de ses lieutenants, quasiement le seul à parler. Et forcément une salle de militants groupies qui suivait à chaque fois les consignes du Dieu Bayrou. François Bayrou qui n’hésitait pas à prendre la parole plus de 5mn pour convaincre la salle. Et toujours les mêmes arguments pour obtenir le blanc seing de ses fans : il ne veut pas de tel ou tel amendement car « dangereux pour la cohérence du mouvement » ou ne « représentant pas les valeurs démocrates communes qui sont les nôtres ».

En résumé, cela se passait comme cela : Monsieur X est appelé en bas de la tribune. Monsieur X présente pendant 1mn30 son amendement aux statuts. Ensuite François Bayrou prenait la parole et annonçait : moi François Bayrou, votre maître suprême je vote pour ou contre, vous petits militants suivrez mes recommandations. Sinon mécréants êtes-vous.

Pathétique. La facette Hugo Chavez a été d’abord évoqué par un journaliste en salle de presse. Il n’était alors que 16 heures environ, et cela ne faisait que cinq heures que François Bayrou trônait en tribune. Cela durera encore quatre heures supplémentaires. Imaginez : neuf heures de François Bayrou. Du Bayrou en avocat pour soutenir un amendement, du Bayrou en procureur pour rejetter un amendement. Du Bayrou ensuite en passeur de plats pour les débats thématiques. Du Bayrou en orateur pour son clôture d’ouverture. Et au final de la tristesse : le duo François Bayrou – Marielle de Sarnez ne fait donc confiance en si peu de personnes. Et dire que le président du MoDem se déclarait contre la personnification du pouvoir. Rires jaunes. Personne d’autre ne doit émerger au MoDem, car tout ce qui pourrait prendre la lumière risquerait de faire de l’ombre à François Bayrou.

Je ressors de ce congrès triste, amer et déçu. Heureusement, la soirée sera agréable. Avec Sophie, MIP et Guillaume, nous fuyons le dîner organisé au parc des expositions, pour décompresser avec rires et fracas dans un japonais. Heureusement aussi, j’aurais rencontré de nombreuses personnes passionnantes. Heureusement, j’aurais fait la connaissance de blogueurs provinciaux dont je lis les blogs, enfin rencontrés dans la vrai vie.

Au MoDem, on vous dira que ce congrès fut un merveilleux exercice de démocratie, les militants ayant écrit et voté leurs propres statuts. Certains ferment leur gueule juste pour obtenir une investiture. D’autres sont des groupies aveugles.

Au MoDem, on vous dira que Bayrou n’est pas seul. Je continue de penser que toutes les décisions sont prises à deux, et que le pire défaut de François Bayrou, c’est Marielle de Sarnez.

Malgré mes critiques virulentes, à chaud, je reste au MoDem. Pour un temps. J’ose espérer que les choses vont évoluer. Que la base va réussir à imposer ses conditions. Qu’avec certains militants, nous réussirons à passer outre le siège pour réfléchir, proposer et construire quelque chose de nouveau. Maintenant que les statuts sont votés, deux sujets me semblent d’une importance considérable. Le programme, quel projet sera le nôtre, pour les prochaines échéances. Et également les alliances, avec qui nous allons nous retrouver.