Vers la fin du capitalisme ?

Apres une semaine noire (-22%) le CAC40 ouvre en hausse (7% en ce moment même) . Pourtant certaines voix, y compris dans les médias « autorisés », parlent ouvertement de la Fin du Capitalisme. Il y a quelques jours Immanuel Wallerstein revenait sur cette « fin du capitalisme » dans le journal « Le Mond » : Jean Zin lui parlerait plutôt de « mutation lente » . Extraits…

Dans une phase A, le profit est généré par la production matérielle, industrielle ou autre ; dans une phase B, le capitalisme doit, pour continuer à générer du profit, se financiariser et se réfugier dans la spéculation. Depuis plus de trente ans, les entreprises, les Etats et les ménages s’endettent, massivement. Nous sommes aujourd’hui dans la dernière partie d’une phase B de Kondratieff, lorsque le déclin virtuel devient réel, et que les bulles explosent les unes après les autres

La situation devient chaotique, incontrôlable pour les forces qui la dominaient jusqu’alors, et l’on voit émerger une lutte, non plus entre les tenants et les adversaires du système, mais entre tous les acteurs pour déterminer ce qui va le remplacer

Les trois courbes mondiales des prix de la main-d’oeuvre, des matières premières et des impôts sont partout en forte hausse depuis des décennies

la crise la plus récente similaire à celle d’aujourd’hui est l’effondrement du système féodal en Europe, entre les milieux du XVe et du XVIe siècle, et son remplacement par le système capitaliste. Cette période, qui culmine avec les guerres de religion, voit s’effondrer l’emprise des autorités royales, seigneuriales et religieuses sur les plus riches communautés paysannes et sur les villes. C’est là que se construisent, par tâtonnements successifs et de façon inconsciente, des solutions inattendues dont le succès finira par « faire système » en s’étendant peu à peu, sous la forme du capitalisme.

Les plus intelligents, eux, ont déjà compris qu’il fallait mettre en place quelque chose d’entièrement nouveau. Mais de multiples acteurs agissent déjà, de façon désordonnée et inconsciente, pour faire émerger de nouvelles solutions, sans que l’on sache encore quel système sortira de ces tâtonnements.

Nous sommes dans une période, assez rare, où la crise et l’impuissance des puissants laissent une place au libre arbitre de chacun : il existe aujourd’hui un laps de temps pendant lequel nous avons chacun la possibilité d’influencer l’avenir par notre action individuelle. Mais comme cet avenir sera la somme du nombre incalculable de ces actions, il est absolument impossible de prévoir quel modèle s’imposera finalement. Dans dix ans, on y verra peut-être plus clair ; dans trente ou quarante ans, un nouveau système aura émergé. Je crois qu’il est tout aussi possible de voir s’installer un système d’exploitation hélas encore plus violent que le capitalisme, que de voir au contraire se mettre en place un modèle plus égalitaire et redistributif.

Les conséquences politiques de la crise actuelle seront énormes, dans la mesure où les maîtres du système vont tenter de trouver des boucs émissaires à l’effondrement de leur hégémonie. Je pense que la moitié du peuple américain n’acceptera pas ce qui est en train de se passer. Les conflits internes vont donc s’exacerber aux Etats-Unis, qui sont en passe de devenir le pays du monde le plus instable politiquement. Et n’oubliez pas que nous, les Américains, nous sommes tous armés…

 

* Jean Zin marque son désaccord : Si je suis d’accord avec lui que nous sortons du capitalisme, il ne me semble pas que cela puisse être de façon aussi immédiate que certains se l’imaginent, dans un lendemain de crise. D’ailleurs comparer notre moment historique avec la fin du féodalisme qui a pris plus de 2 siècles, voilà qui n’a rien à voir avec les 30 prochaines années, même si on peut admettre que l’histoire s’accélère. On serait plutôt dans un cycle libéralisme -> totalitarisme -> socialdémocratie -> néolibéralisme -> antilibéralisme ou écologie ?

A noter que Wallerstein imagine que les USA pourraient être le lieu où le conflit sera le plus aigu puisqu’il pense possible une révolte armée ! Hypothèse audacieuse et bien peu probable mais si la révolution américaine était alors victorieuse cela leur redonnerait sans doute un rôle de leadership, il faut donc être prudent quand on parle de la fin de l’Empire américain dont commence seulement le déclin, sous la forme actuelle.

Il ne suffira pas de tout nationaliser sans rien changer au système ni laisser de place au travail autonome de plus en plus répandu pourtant

Plutôt que d’attendre un miracle il faut s’y mettre dès maintenant à partir du local et de villes franches protégées de la mondialisation marchande par des monnaies locales, entre autres (voir La reconstruction du monde). La crise peut faire qu’on soit obligé de s’y mettre (comme en Argentine) et réclamer un revenu garanti pour tous afin d’éviter un effondrement général de la demande et de toute l’économie mais il ne faut pas s’imaginer en avoir fini pour toujours avec le capitalisme…

On parle déjà de Loi Martial au USA :
Le démocrate Brad Sherman est monté à la tribune de la Chambres de Représentants américains lors du 2e vote du plan de sauvetage économique : en expliquant son refus de voter en faveur du projet de loi, il a souligné que de lourdes menaces avaient été proférées dans les coulisses du pouvoir. Si le projet de loi ne passe pas, lui a-t-on dit, ce sera la loi martiale aux Etats-Unis

Curieusement, de nombreux observateurs des sites d’information militaire ont remarqué un déploiement pour le moins curieux : la 1e brigade de la 3e division de l’infanterie américaine vient d’être rapatriée aux Etats-Unis pour 12 mois à partir du 1er octobre

Seront-ils appelés à surveiller le territoire américain en cas de catastrophe économique sévère ? C’est l’avis de l’ex-Représentant américain, Bob Bauman qui avait dénoncé certaines mesures législatives qui avaient été greffés aux lois anti-terroristes permettant au Président des Etats-Unis de faire appel à l’armée américaine sur son propre territoire afin de faire la police