Voter utile : cette « utilité » peut-elle exister ?

Je me suis permis de reprendre ici un article qui n’est pas de moi, mais de http://activart.com/intelliblug/ , je l’aime beaucoup et retrouve bien les arguments que je peux donner concernant le vote utile…
Hier soir Cecile Duflot est venu à Limoges, elle a visité le salon des eco citoyens pendant une petite heure avant de participer à un petit meeting du côté de Beaubreuil à Limoges… J’y reviendrai prochainement (en complément d’un article du Politic Show où elle a été manger avec Nicolas Voisin)
Et pour ma part, je voterai Dominique Voynet candidate des verts

Mais quel est donc ce « vote utile » dont il est si souvent question ?

Imagine-t-on de « voter inutile » ?

Alors, peut-être, inutile de voter ?

Voter pour désigner la personne ou le programme que l’on souhaite défendre est faire entendre sa voix sur une attitude, un certain positionnement, une forme générale (dont j’espère qu’elle ne se limite pas à la qualité du costume) si le vote s’établit en faveur de la personne, ou un « modèle de société » si l’on vote sur le programme.

Si l’on pense que « l’utilité » du vote ne peut exister qu’en fonction d’une probabilité très forte que la personne parvienne à la magistrature deux cas de figure se présentent.

Le premier sera que cette personne présente ce que l’on considère comme « le meilleur », un meilleur que l’on tient à soutenir et qui a d’excellentes chances de recueillir un maximum de suffrages.

La question du « vote utile » ne se pose pas : « mon » candidat est le meilleur et sera probablement élu avec le meilleur programme, celui que je souhaite voir appliqué.

Le second suppose que « mon » candidat nous fait d’excellentes propositions mais a peu de chances (ou aucune) d’être élu : puis-je en conclure que je dois choisir un autre candidat disposant d’un programme moins satisfaisant mais qui recueillera plus de suffrages, ou est supposé en recueillir plus ?

A ce point il y a un pari, que l’on établira le plus généralement sur la base de sondages qui sont supposés nous indiquer les candidats « les mieux placés » dans la compétition mais que l’on a vus être pris en défaut de façon parfois assez cinglante.

Ce pronostic d’une grande incertitude minimise d’emblée la validité de notre choix : elle est même potentiellement nulle !

Si les sondages nous donnent en tête 2 candidats séparés par un faible écart, il n’est pas impossible qu’un troisième se substitue à l’un de ces deux là sans que nous sachions lequel ni qui le remplacera, nous l’avons déjà vu, et notre « vote utile » peut avoir porté sur le candidat éliminé de la course, avec une utilité finalement nulle.

Et rien ne permet de le prévoir, autrement dit de chiffrer la probabilité que cela se produise.

La probabilité que « l’utilité » du « vote utile » soit réelle est donc totalement indéterminée : dans ce cas le « vote utile » n’existe pas, ne peut pas exister !

Si l’on choisit au nom de « l’utilité » un candidat qui n’a pas notre préférence première c’est par définition qu’il présente moins de points positifs que celui que l’on serait tenté de promouvoir.

On pratiquera donc un repli par rapport à ses préférences, à ses souhaits, à ses espérances qui, il ne faut pas l’oublier, ne doivent pas être considérées comme anodines : c’est de la vie de notre société, de ses équilibres ou déséquilibres qu’il s’agit ici, c’est pour améliorer le fonctionnement de notre société que nous allons voter.

Ce repli sera donc une concession consentie dans le cadre d’une incertitude forte, on pourra estimer que cette concession sera bénigne si le candidat pour lequel on opte au nom de « l’utilité » propose un programme très proche de celui de notre candidat préféré : le dommage ne sera alors pas très grand, il existera pourtant.

Mais plus les programmes entre le candidat préféré et le candidat de repli seront différents plus le dommage provoqué par ce choix risquera d’être grave : le modèle de société du candidat de repli ne nous conviendra peut-être que très moyennement ou en fin de compte pas du tout.

Moyennement ou pas du tout cela signifie que, si notre candidat de repli est élu, soit un grand nombre de ses électeurs seront d’accord avec son modèle, soit de nombreux électeurs auront choisi ce candidat comme solution de repli, en considérant son modèle comme de piètre qualité.

Un modèle qui sera appliqué sur un quiproquo gravissime : tout le monde aura lieu de penser que l’élection aura permis de déterminer quel était le modèle de société le plus largement souhaité et approuvé.

Ce modèle sera mis en oeuvre avec assez peu de chance qu’il puisse être balayé bientôt, si l’on tient compte de l’assez grande inertie des institutions et de la périodicité du vote, à 5 ans pour une présidentielle.

En souhaitant « voter utile » un certain nombre d’électeurs auront donc abdiqué sur une probabilité impossible à chiffrer, sur un pari très incertain et n’auront en fin de compte pas transmis le message que le vote eût dû porter : nous sommes telle proportion de la société à vouloir CE modèle et non un autre.

Si ce comportement se répète à l’échéance suivante le modèle que certains souhaitent et qui est porté par un candidat minoritaire n’a aucune chance d’être appliqué un jour car au nom de « l’utilité » on ne lui accordera jamais sa voix, le message ne sera jamais transmis et le modèle souhaité ne sera jamais pris sérieusement en considération !

Tenons compte maintenant de la différence entre les différentes propositions, les différents modèles soumis au vote : plus la différence entre le modèle préféré de chacun et celui du candidat de repli sera grande plus il faudra d’efforts pour promouvoir le modèle du candidat préféré, car l’on partira de la supposition que le modèle proposé par notre candidat préféré et donné comme très minoritaire par les sondage est assez éloigné du modèle de société en cours avant l’élection.

C’est la raison pour laquelle notre candidat est minoritaire, précisément.

Nous venons donc de voir que notre « vote utile » ne transmettra pas le message de notre préférence réelle, mais que cette préférence réelle mériterait pourtant d’être affirmée avec une grande force car elle exigerait probablement, pour être mise en oeuvre, un certain nombre de changements dans nos habitudes, changements qui seraient peut-être envisagés comme des « efforts » supplémentaires par ceux qui ne souhaiteraient pas ce modèle.

Des changements qui cristalliseront donc de nombreuses résistances probablement difficiles à vaincre.

Car si notre modèle préféré ne comportait aux yeux de tous que des avantages évidents peut-être aurait-il la faveur de tous ou du plus grand nombre et alors la question du « vote utile » ne se poserait pas !

Dans quel cas notre « modèle préféré », présenté par un candidat régulièrement donné comme « minoritaire » par les sondages, aurait-il une chance d’être mis en oeuvre si le « vote utile » se pratique de façon systématique par de nombreux électeurs, à chaque élection ?

La réponse est claire : jamais !

Il devient dès lors d’une inutilité totale de se demander si l’on préfère un modèle à un autre et l’on pourrait probablement démontrer qu’un choix électoral basé sur un lancer de dés en retenant les 2 ou 3 candidats présentés par les sondages comme les mieux placés pourrait suffire.

Ce n’est pas ainsi que je m’imagine la démocratie !

Et pour ma part, en accord avec ce présent texte, moi Florent alias Metallah, je voterai Dominique Voynet candidate des verts