Touche pas à mon Limousin ?

Les derniers débats sur la dernière réforme territoriale proposée par le gouvernement Valls Hollande vont bon train…
Il faut dire que l’ex élu du Limousin, notre cher président, y est allé très fort…

Ici en Limousin c’est l’occasion de débattre

Europe Ecologie Les Verts Limousin lance une invitation à vous tous :

Qu’est ce qu’un territoire ?
Dans le cadre des réflexions sur le devenir des territoires, Europe Ecologie Les Verts Limousin organise une formation ouverte à tous les représentants et sympathisants de gauche et de l’écologie.
Le 28 JUIN 2014 à partir de 9h à 12h
Salle Jean-Pierre Timbaud à LIMOGES
(Derrière la mairie)
animée par Yohan TOULZA-LEMAIRE
(Ingénieur de Projet Territorial)

 

Mais les débats ne s’arretent pas à ceux au sein de Europe Ecologie Les Verts Limousin…
parallèlement certains ont été dès le premier jour choqué par la réforme proposée (et pas seulement sur la carte du redécoupage des régions…)
Touche pas à mon Limousin (nom certes provocateur est né…) avec une pétition à signer et une charte que je vous invite à lire ci après…

TOUCHE PAS MON LIMOUSIN

1.Mise en perspectives

Qu’est ce qu’une région ? A quoi ça sert ? Quel sens a cette réforme ?

Une collectivité territoriale suppose, dans la tradition juridique française, un minimum de vouloir-vivre ensemble, d’intérêts spécifiques, de passé partagé porteur d’une identité commune. Le débat actuel ne doit donc occulter aucun aspect : historique, politique, économique, culturel…

Il n’y avait en réalité aucune nécessité de créer des grandes régions soit disant plus européennes alors que plusieurs landers autrichiens ou allemands et même certains états ont moins d’habitants que le Limousin.

Une région ce sont des actions en faveur de la formation, des aides aux entreprises locales, des dépenses de transports et d’infrastructures, la gestion des TER, des lycées et des aides à l’agriculture, aux associations et à la culture…

Cette réforme va rendre tout cela plus complexe, plus éloigné, moins démocratique. Comment ne pas y voir une confusion entretenue pour favoriser l’affaiblissement des services publics et l’aggravation des tensions sociales ?

2.Le Limousin

Le Limousin a une Histoire, son nom vient du Peuple gaulois qui vivait ici sur un territoire sensiblement comparable, les Lémovices. Leur capitale se trouvait à Villejoubert (St Denis des Murs). César parle d’eux dans le De Bello Gallico et fait référence à leur chef, Sedullos tombé devant Alésia.

Le Limousin a perduré au cours des siècles, malgré des divisions seigneuriales et entre autres par le puissant ciment culturel de la langue limousine (dialecte de l’Occitan) parlée de Nontron à Aubusson… mais qui rayonnait dans tout l’Occident Médiéval avec les poèmes des Troubadours.

Bref, une identité forgée par une histoire, une géographie, une langue, des traditions communes…

Au XIXe et XXe siècle cette région s’est construite dans l’adversité : Luttes sociales, victimes de la 1e GM, héroïsme et tragédies de la 2e GM.

Riche de ce Passé, de ses figures, de son patrimoine gastronomique, naturel sans oublier industriel (Porcelaine, ganteries puis Legrand…) le Limousin n’en demeure pas moins « pauvre ». En 1956, Clancier bouleversera la France entière dans son roman. Le pain Noir qui décrit si bien la misère digne des gens de ce pays limousin, auquel il est si attaché.

Nos auteurs occitans contemporains (Marcelle Delpastre, Panazo, Jan dau Melhau, Yves Lavalade, Jean Alambre…) mais aussi les apports liés à la diversité de ses populations issues de l’immigration (maghrébine, turque, africaine subsaharienne, réunionnaise, anglo-saxonne…) démontrent un statut de terre d’accueil et de créativité avec de nombreux artistes et festivals.

Aujourd’hui peuplé d’environ 740000 habitants, c’est à dire plus que plusieurs états européens, notre région semble condamnée à « fusionner » avec une autre.

Sans tenir compte des expériences menées ailleurs en Europe, sans évaluer les coûts d’une telle réforme, sans prendre le sujet par le fond, c’est à dire le sens d’une collectivité, le gouvernement a donc posé sur la table une carte qui ne satisfait personne, pas plus les bretons qui espéraient la réunification que les limousins. En annonçant la fusion avec le Centre et le Poitou-Charentes après avoir écarté celle avec l’Auvergne proche et l’Aquitaine liée par la Dordogne « cousine », le gouvernement français crée une crise sans précédent.

Retirant de fait le Limousin de l’espace occitan, le noyant dans un territoire vaste sans identité et aux réalités très différentes tant sur le plan des infrastructures que des spécificités industrielles ou agricoles, le découpage a provoqué des réactions de surprise et de doute et même des volontés de séparation immédiate de la part des élus la Corrèze… l’ancien fief électoral de François Hollande.

Le débat, loin d’« être clos » selon les mots du Premier Ministre doit commencer ;

Il ne doit pas tomber dans le fantasme identitaire ou la défense de particularismes mais doit poser la question du sens d’une collectivité, de ses racines à ses compétences, de sa cohérence à sa performance.

3. Charte :

Nous dénonçons la méthode employée par le Président de la République, sans concertation, sans étude sérieuse menée au préalable, sans avoir consulté les populations concernées. notons la précipitation de la saisine du Parlement avec début de l’examen de la loi le 18 Juin alors que l’annonce a été faite trois semaines avant. Le débat lancé par le Comité Balladur en 2007 arrive donc à son terme au mépris des attentes exprimées par les français et alors même que le Président n’avait pas été élu pour mettre en place un tel projet. Par exemple, la réunification de la Bretagne Historique et la création de quatre nouvelles régions : Bretagne, Poitou-Charentes-Vendée, Val de Loire, Normandie semblait par exemple cohérente.

Nous refusons l’affaiblissement démocratique. En effet le Limousin qui ne pèserait plus que 14% de la cette nouvelle circonscription d’état n’aurait plus que très peu de membres dans la nouvelle assemblée régionale. Avec la suppression des départements qu’il aurait fallu étudier avant la suppression des régions, il n’y aura donc presque plus de limousins représentants leurs concitoyens. Nous craignons aussi le risque d’éclatement de notre région car en plus de l’éloignement ainsi programmé des lieux de décision, les départements sont donc tentés de jouer leur propre carte, brisant notre région définitivement.

Nous analysons les résultats des dernières échéances comme parfois un repli identitaire et une défiance des électeurs envers les institutions. La destruction des spécificités régionales et de toutes les instances démocratiques locales n’est surtout pas une solution contre la montée des peurs et du repli sur soi.

Nous estimons que les conséquences sur l’agriculture du Limousin seraient graves. Comment imaginer préserver une agriculture de pays, extensive et de qualité face aux pratiques des céréaliers et de l’élevage intensif? La mise en place des aides aux circuits courts serait rendue plus difficile tout comme la préservation des productions de terroir (cul noir, bœuf, sarrasin…) avec la diminution programmée de fonds européens (par exemple liés à l’agriculture de Montagne ou à la Forêt).

Alors que les coopérations entre régions ont déjà démontré leur utilité, on assisterait à une compétition accrue entre les territoires où seules subsisteraient des structures peu démocratiques et sans réalité culturelle comme les agglomérations et les communautés de communes… et surtout le symbole de l’autoritarisme napoléonien: les Préfectures.

L’université de Limoges déjà très liée à Tours-Orléans et Poitiers verrait certaines filières disparaître totalement et le CHU n’aurait plus autant de moyens avec des services entiers qui fermeraient.

On ne pourrait empêcher le départ de centaines de postes de fonctionnaires à Limoges qui perdrait ainsi des centaines d’habitants et son statut de capitale régionale. Moins bien dotée, moins riche, sans les directions régionales d’administrations, de banques ou de mutuelles qui seraient concentrées près de Paris à Tours et Orléans, Limoges et les autres villes péricliteraient. La diminution des services publics en particulier dans les zones rurales, l’essentiel de notre territoire, aggraverait les déséquilibres entre villes et campagne…

Nous craignons la diminution des moyens pour la Culture (occitan, musées, théâtre, festivals…) déjà fragilisée.

En résumé, perte de démocratie locale, disparition de services publics, dégradations économiques, dilution de l’identité limousine, disparition de notre agriculture paysanne…

Un référendum s’impose, il ne faut pas avoir peur de demander son avis au peuple. Il appartient aux Limousins, c’est à dire à ses habitants, qu’ils soient nés ici ou ailleurs dans le Monde, de décider de l’avenir de leur région.

Pour le Collectif: C.Cognéras, M.A Robert-Kerbrat, E.Uberti, M.Caillon, JC.Lavaud