Mélenchon est contre un référendum ?

Il y a quelques semaines déjà Mélenchon annonçait qu’il avait trouvé LA stratégie pour imposer un référendum sur le TME. Certains tels que Fabius ou Emmanueli semblaient se ralier à cette stratégie. Pour ratifier le TME il y a 2 étapes : modifier notre constitution (pour qu’elle soit compatible) puis ratifier (par référendum ou via le parlement) .

Alain Lipietz revient sur cette stratégie sur son site :

Le Conseil constitutionnel a tranché, il faut modifier la constitution française en Congrès à Versailles par 3/5 des voix, préalablement à toute éventuelle ratification du TME , sur des points assez mineurs…

Il serait donc inconstitutionnel de déposer un projet de loi (« La France ratifie le traité de Lisbonne »), devant le peuple ou devant le Parlement, alors que le Conseil constitutionnel a déjà rendu l’arrêt qu’en l’état de la constitution, non, ce traité n’est pas ratifiable. S’il ne l’avait pas fait, il en irait autrement, mais il y a une procédure constitutionnelle qui impose l’ordre des consultations.

Pourtant Mélenchon propose d’utiliser la minorité de blocage (2/5 des voix) pour soit disant imposer un référendum…

Pourtant en faisant cela c’est un Non au referendum (la question n’a plus le droit d’être posée)

Curieuse procédé de la part de Mélenchon, curieuse méthode et curieux propos de la part de Fabius et Emmanueli. Car en réalité en votant non aux modifications ils empechent la tenue d’un référendum !

Dans tout les médias ils annoncent qu’ils font cela POUR un référendum Mais il semblerait que les approximations et mensonges ont la belle vie. Puisque un tel vote entrainerait directement un blocage des procédures de ratification… Et donc un référendum ou même un vote au Parlement…

Alain Lipietz revient sur ces curieuses stratégies et en fait le tour…

Je constate d’ailleurs que nous arrivons aux mêmes conclusions sur certains points…

Si donc le Non l’emportait en Congrès à Versailles (il suffit de 40 % des voix, comme le soulignait avec gourmandise Mélanchon le soir du second tour des législatives), la question serait close.

La France ne peut pas ratifier, donc pas de referendum ni de vote parlementaire.

Les Français n’auront pas été consultés, 2/5 des congressistes à Versailles aura empêché une majorité potentielle du peuple, ou une majorité potentielle d’élus, de débattre du TME et de répondre Oui ou Non

Plusieurs faits :
S’ils y gagnent le TME n’est plus votable… Et finalement puisqu’ils sont contre… C’est tout gagné…

S’ils perdent, elle est efficace aussi. Certes, si la constitution est modifiée, le TME est votable. Si Sarkozy décide un referendum (pour surfer sur le discrédit passager de la gauche et achever de la fracasser à la veille des municipales), ils pourront dire à leurs partisans que c’est « grâce à eux » (pourquoi pas ?) et, si Sarkozy choisit la voie parlementaire, ils pourront dire qu’ils ont fait ce qu’ils ont pu pour s’y opposer.

Emmanuelli et Fabius auront gagné (s’ils gagnent 40% à Versailles) en faisant miroiter aux gens de gauche et aux écologistes « On se bat pour que vous ayez un referendum et alors le peuple souverain pourra décider : c’est Oui ou c’est Non », mais on s’apercevra le lendemain de Versailles qu’ils se seront arrangés pour empêcher le referendum et auront de facto voté Non au TME, en réunissant 40% des exprimés d’un parlement national, pour 500 millions d’Européens.

Il y a donc un problème quelquepart… Entre leurs propos… Et les réalités…

Certains pourraient objecter : Oui Mais Sarkozy peut avoir peur de ce chantage !

Oui ?

D’abord, vous semblez croire que Sarko tient à passer de Masstricht-Nice au TME, qu’il y tient « comme à son enfant »

Sarko n’a rien dit pour le Oui au TCE (il s’est contenté de vitupérer la Turquie, ce qui était un des arguments de Fabius pour le Non), il a voulu un « mini traité » et le club des Amis de la Constitution (Merkel, Prodi et Zapatero) lui a fait avaler ce maxi-traité (cf. http://lipietz.net/spip.php?article2090). Celui-ci rétablit 80% du TCE (sauf pour Tony Blair, que Sarkozy invite à la foire de l’UMP faire son numéro de dénonciation des Droits fondamentaux).

Supposons donc que Sarkozy ne cède pas au chantage. Si Fabius-Emmanuelli sont battus à Versailles (ce qui est quand même le plus probable), il triomphera à bon compte. S’ils l’emportent à Versailles, il pourra dire au lendemain de Versailles : « Françaises et Français, c’est fini, ni vous ni vos représentants ne voterez sur le projet de TME, l’Europe est définitivement paralysée, et cela non par la faute de la France, qui par mon engagement aura tout tenté pour désembourber l’Europe, mais d’une poignée de Versaillais. Voilà ce que c’est, la gauche qui ne m’a pas encore rejoint. Tenez en compte aux prochaines municipales ».

Supposons maintenant que Sarkozy cède « pour sauver son enfant » et accepte de passer par « l’humiliation » d’un referendum, qu’il annoncera quelques jours avant le vote à Versailles, de toute façon nécessaire.

Que feront Fabius et Emmanuelli ? Ils se précipiteront dans les médias et annonceront : « Nous étions contre le changement de constitution, mais ce n’était qu’un moyen de chantage. Maintenant notre chantage a gagné. Il y aura un referendum. Mais comme nous voulons barrer la route au traité de Lisbonne, nous maintenons notre Non » ?

Ou bien diront-ils « Nous sommes bien obligés de voter Oui à la modification de la constitution française, sinon il n’y aura pas de referendum, mais en fait nous sommes contre le TME, donc contre cette mofication de la constitution » ?

De toute façon, Emmanuelli et Fabius auront mis la gauche dans un tel état de division et d’exécration que les municipales seront perdues.

Et Sarkozy pourrait en plus être capable de gagner ce référendum : et de le personnaliser !! (Comme je l’ai dis plusieurs fois ici : je vois que nous nous rejoignons avec Alain Lipietz)