Cycle de refondation des partis ?

Les partis vivent ils des cycles de vie de 25 à 35 ans ? C’est en effet ma théorie en constatant l’actualité politique depuis quelques années. Bien entendu tout les partis ne disparaissent pas : ils se refondent, s’agglomèrent, fusionnent, … De l’extrême gauche à l’extrême droite. Petit tour d’horizon…

UMP : Fondé en 2002 pour soutenir la candidature de Jacques Chirac (lui même fondateur du RPR en 1976 et qui faisait « suite » au RPF puis l’UDR) . Le RPR et DL sont dissous à l’interieur de l’UMP.  2 partis fondateurs substistent : le Forum des républicains sociaux (présidé par Christine Boutin) et le Parti Radical (Jean-Louis Borloo et André Rossinot).
Sous l’égide de Philippe Séguin, est créée en 1998 l’Alliance, qui regroupe le RPR, l’UDF et DL. Cette structure tombera en déshérence en 1999, à la suite du refus de l’UDF de constituer une liste commune aux élections européennes.
On peut directement lié sa fondation aux échecs du RPR notamment aux européennes de 1999 (12,82 %)
Les années 2003-2004 constituent l’apogée du combat féroce mené entre chiraquiens et sarkozystes…

Nous avons ici une fondation par agglomération de certains partis (et de la majorité de leurs élus) : RPR, DL, UDF (sauf fidèle de Bayrou)…

Modem : Fondé en 2007 par François Bayrou à partir de l’UDF (fondé en 1978, confédération de divers partis du centre et de la droite non-gauliste) .
Fondé autour de la candidature de François Bayrou et de ses fidèles au sein de l’UDF.
On peut y voir la continuité de la bataille entre RPR (Chirac) et UDF (Giscard) , d’autant plus que c’est en 1999 que François Bayrou amena l’UDF à commencer une refondation : François Bayrou affirma sa volonté de prendre ses distances vis-à-vis du RPR. Mais cette stratégie suscita des oppositions au sein des élus UDF qui furent nombreux à choisir, lors de l’élection présidentielle de 2002, de soutenir Jacques Chirac plutôt que François Bayrou.

Fondé autour de la candidature de François Bayrou, le Modem est finalement issu d’une refondation lente de l’UDF et le « petit succès » de la stratégie d’indépendance vis à vis du RPR puis de l’UMP…
Mais parallèlement à la création du Modem, une partie des élus UDF décide de quitter François Bayrou et de créer « Le Nouveau Centre »

NPA : Sera crée début 2009 à partir de la LCR (fondé en 1974).
Après des années difficiles pour la LCR, ce sont les candidatures présidentielles de 2002 puis 2007 où Besancenot double à chaque fois le PCF (puis Laguiller) qui amène la LCR à « revivre ».
Mais plus tôt en 1999, lors des élections européennes, la LCR se présente derrière une candidature commune avec Lutte ouvrière. Pour la première fois lors de cette élection, l’extrême-gauche obtient cinq députés dont deux sont de la LCR (Alain Krivine et Roselyne Vachetta) .
La « Gauche Plurielle » amène également une « extreme gauche » à exister sur les déceptions…
Malgré celà le vote utile de 2004 amèna la LCR (mais surtout LO) à vivre des « petits échecs » aux élections régionales et européennes, il fallut alors attendre les débats autour du TCE en 2005…

Après des années difficiles (aucune candidature aux présidentielles avant 2002 après celle de Krivine en 1974) , l’alliance LO LCR amèna la LCR à revivre et à présenter le médiatique Besancenot.

Même si les contours du NPA sont difficiles à cerner, nous pourrions faire un parallèle avec la mutation de l’UDF en Modem autour de François Bayrou…
Grace à une « opposition peu existante » (PS) depuis 2002 (et ses échecs présidentielles depuis 95) et une Gauche Plurielle « décevant » (97>2002) le Modem comme le NPA ont pu naitre sur les déceptions et l’émergence d’une Droite sans complexe…


Et les autres ?

Nous pourrions citer la disparition, l’affaiblissement, ou la création de certains partis , aussi bien côté UMP, côté Modem que côté NPA…
Côté UMP et Modem : Nouveau Centre, Debout la République (Dupont Aignan) , De Villier (…) tentent difficilement d’exister… Les Européennes pourront néanmoins être un moyen de se faire entendre notamment côté Gauliste et côté Souverrainiste d’autant plus que l’UMP semble avoir muté sur une ligne « libéral-conservatrice » presque plus proche de Démocratie Libéral que du RPR…

Côté NPA : on citera l’affaiblissement croissant de LO (amené à soutenir voir participer à des listes PS aux municipales)
On pourrait également citer les difficultés à se situer pour certains partis se situant volontier entre NPA, Verts, PCF et PS : Les Alternatifs, les « collectifs issus des tentatives de candidatures unitaires antilibérales » (pro Bové, Appel de Politis, …)

Il conviendrait également de parler de l’extreme droite, avec la fin programmée du Front National avec un Le Pen vieillissant : verra t’on des alliances De Villiers FN ? Qui sera l’héritier ou l’héritière ? Ligne plus « modérée » ou ligne « dure » ? L’UMP sans complexe ratisse jusqu’à l’extrême droite…

Ou encore de parler de partis comme le MRC (en partie favorable à un grand parti de gauche mais qui devra à présent se prononcer par rapport au PDG de Melenchon) , ou du PRG (dont une partie semblait se rapprocher des radicaux et de Borloo tandis qu’une autre se rapproche toujours du PS ou du Modem)

On finira alors par ceux qui vivent en ce moment même leurs mutations qui seront importantes pour d’éventuels modifications sur l’échiquier politique. Tout les « petits partis » précédemment cités mais aussi le NPA et le Modem seront concernés…

Une Fin difficile pour le Parti Socialiste ?
Ou un éventuel rebond…

Dans l’opposition depuis 2002, le Parti Socialiste, malgré le vote utile, vit mal cette situation. Même si « quelques élus locaux » préfèrent leurs affaires locales parfois confortables , la majorité des militants vit mal l’affaiblissement croissant du parti malgré son nombre d’élus et ses scores parfois confortables…

Pourrait on parler (comme pour la LCR dans les années 80 puis 90 ?) (mais aussi comme pour le PCF) d’une lente traversée du désert ? D’une future explosion ? Ou d’une désintégration et affaiblissement progressive comme cela avait été le cas pour la SFIO ?

Fondé en 1969 (puis « unifié autour de Mitterand en 1971) sur les ruines de la SFIO, le PS après les 14 années Mitterrand trouve difficilement sa voie. Lionel Jospin puis François Hollande n’ont pas réussi à être les leaders rivalisant avec l’autoritaire Mitterrand…

Le PS vécu même dès la fin des années 80 puis le début des années 90 des véritables divisions internes (le fameux congrès de Rennes puis la scission de Chevènement qui crée le MRC)
Au-delà de cette petite scission, le Parti socialiste est de plus en plus sévèrement critiqué à sa gauche, notamment pour avoir défendu le traité de Maastricht, ratifié par un referendum positif en 1991, à 51 %. Les nouvelles formations comme le MRC, ainsi que les organisations protestataires – notamment altermondialistes – ne pardonnent pas aux socialistes de soutenir une Europe qualifiée de trop peu politique et sociale, servant seulement à soutenir une économie libérale

Après les « années Balladur » , premier échec de Jospin aux présidentielles en 95… Et c’est l’idée de la « Gauche Plurielle » qui émerge… Permettant à la gauche de gouverner de 1997 à 2002…
Pendant ces années, puis de 2002 à 2008 , différentes personnalités (y compris Chevènement) soutinrent la création d’une « Grande Gauche » autour des participants de la Gauche Plurielle et principalement le PS… Mais l’idée n’aboutit jamais… d’autant plus que le PS se divisa et ne réussit pas à s’imposer…

C’est à partir de 2004 (régionales) mais surtout 2006 que Ségolène Royal prit le Parti Socialiste à rebours en utilisant les médias mais aussi sa popularité montante au sein d’une partie de « futurs militants » pour à son tour se présenter aux présidentielles en 2007, et échouer…
On connait la suite, pas la peine de rentrer dans les détails…

Où en sommes nous ?
– une partie de la gauche du PS (comme du temps de Chevènement) fait scission autour de Melenchon qui avait préparé tout cela depuis quelques années déjà avec la tendance PRS…

– un front « tout sauf royal » se constitue exacerbant les tensions d’une façon insoutenable : congrès de Reims avec un PS divisé en 4, puis candidature Hamon Vs Aubry Vs Royal puis Aubry (soutenu par Delanoe, Hamon) Vs Royal…

Malgré ce front, les mathématiques sont mis en échec puisque l’adition des motions  (Delanoe+Aubry+Hamon) n’est pas égal au score de Aubry face à Royal… Et c’est à présent un PS coupé en 2 qui doit faire face aux divisions… pour le malheur de tout les militants…

On peut déjà pressentir qu’un jour ou l’autre (si Royal n’obtient pas le pouvoir en interne : aujourd’hui ou plus tard) , les royalistes quittent le PS et fondent un nouveau parti entre les « miettes du PS » et le Modem…

Alors que l’idée d’une Grande Gauche avait fait son chemin, la mutation du Parti Socialiste semble se faire par dissolution progressive : quid des « amis de Melenchon » , quid de l’éventuel scission des royalistes , quid de ceux qui quitteront ou pas le Parti Socialiste pour le NPA, les Verts, le PCF, le Modem…

Là où le Modem, le NPA ou l’UMP se sont refondés par « élargissement » le PS semble bien mal parti… d’autant plus qu’il pourrait beaucoup y perdre à préférer le « statu quo » et la « non refondation » interne… Non refondation tout aussi dangereuse à long terme…

Et le PCF ?

Personne ne semble s’occuper du PCF en ce moment… Fondé il y a pratiquement un siècle autour d’une scission du SFIO , le PCF existe toujours et n’a jamais réellement vécu de « refondation » évidente… Le PCF s’est au mieux/ au pire « doucement réformé » pour s’adapter à l’histoire (face aux régimes totalitaires, puis face à la chute du mur de Berlin le PCF a du plusieurs fois se remettre en cause)

D’une certaine manière au cours de ses premières années, mais aussi après la seconde guerre mondiale le PCF a toujours mal/bien vécu son « partage » de la gauche avec la SFIO puis le PS…

Les évènements de Mai 68 furent particulièrement marquants : le PCF est d’abord hostile au mouvement étudiant : Marchais écrit dans L’Humanité du 3 mai un article violent intitulé De faux révolutionnaires à démasquer, où il s’en prend par exemple à  » l’anarchiste allemand Cohn-Bendit  » . Mais lorsque le monde ouvrier, en particulier les métallurgistes, s’engagera dans la grève générale, soutenue par les syndicats dont la CGT), le PCF rejoindra ce mouvement.

C’est ainsi qu’une autre gauche : ni Socialiste ni Communiste que l’on retrouva du côté du PSU puis dans les futures écologistes commença à naitre face aux vieilles habitudes des 2 principaux partis de gauche…

Les succès du PS sous Mitterrand affaiblirent le PCF , pendant que certains dissidents comprirent (un peu tard ?) qu’une autre gauche était possible… Mais l’affaiblissement est en cours y compris quand le PCF participe au gouvernement en 97-2002 (c’est un des grands perdants des municipales de 2001…)

3 tendances s’affrontent à présent :
Un courant conservateur (les orthodoxes), surtout implanté dans le Nord de la France (Pas-de-Calais), revendiquant le marxisme-léninisme comme doctrine,
un courant refondateur (avec notamment Patrick Braouezec ou Lucien Sève) qui prône une réorganisation totale du parti
et le courant majoritaire, derrière Marie-George Buffet qui prône l’ouverture aux mouvements sociaux et aux autres organisations de gauche, tout en n’excluant pas une participation gouvernementale.

De ces 3 tendances naissent 3 stratégies appliqués avec des relatifs succès (malgré le vote utile) aux régionales de 2004 :
dans le Nord-Pas-de-Calais et en Picardie, les communistes présentent des listes seuls au premier tour, respectivement menées par Alain Bocquet et Maxime Gremetz ;
en Île-de-France, Marie-George Buffet et Claire Villiers mènent une liste d’ouverture, sur la base de contenus adoptés en commun par le PCF et ses partenaires (Alternative citoyenne, Les Alternatifs, le MARS…) et regroupant de nombreuses personnalités du mouvement social ;
dans 14 autres régions en revanche, le PCF fait liste commune avec le PS dès le premier tour.

(on voit ici que Buffet s’applique à elle même une ligne plutôt proche des « réformateurs » plutot que la ligne Hue plutot proche du PS)

Comme le PS le PCF semble bien se diviser depuis quelques années, même si encore tout dernièrement c’est le statu quo prévaut…
Il y a trois semaines, la direction du parti avait en effet proposé un texte très conservateur de maintien en l’état du PCF. Les militants avaient voté sans enthousiasme : seuls 28 % avaient suivi Marie-George Buffet.

Mais le départ de M. Mélenchon du PS, le lancement de son nouveau parti, son accord pour des listes communes semblent avoir sorti le PCF de sa torpeur…

En effet alors que l’actuelle majorité est partagé entre « pro PS Robert Hue iste » et pro Buffet plus autonomiste mais néanmoins ouverte à d’autres alliances, les « orthodoxes » et les « réformateurs » font parler d’eux… amenant le PCF à se réveiller et à trouver une voix vers une « refondation progressive » autour des « alliances de proximité » pouvant s’apparenter à la précédente tentative de Buffet en IDF en 2004…

Curieusement le PCF pourrait même (si Buffet arrive à garder du poids avec l’aide des réformateurs les plus « ouverts » aux écologistes et autres altermondialistes… ) se montrer plus moderne que le nouveau PDG (parti de gauche) de Melenchon… et éventuellement amener ce dernier à ne pas devenir un « MRC Bis » …

L’inverse serait par contre catastrophique… car les plus « souverainistes, productivistes, … » du PCF comme des Pro Melenchon condamnerait la nécessaire modernisation (y compris environnemental voir écologique) de cette partie de la gauche… Cela avait pu expliquer en partie l’échec des candidatures unitaires de la gauche dite anti libérale avec un « programme » très « rouge » et très nostalgique des 30 glorieuses (interventionisme…)
Cette Gauche de la Gauche « souverainiste et productiviste » ne pourrait alors ne pas faire concurrence avec le NPA… Et sombrerait dans l’autonomie inefficace ne pouvant pas faire réellement alliance ni avec les Verts ni avec le NPA ni avec le PS (ou son « remplaçant »)

Et Les Verts ?
Je me garderai bien de prédire l’avenir concernant mon parti… Mais il semblerait que nous soyons sur une nouvelle voie…

Il convient certainement de rappeler que les écologistes sont issus des « luttes des années 70 » et des premiers petits partis écologistes. Yves Frémion qui sera à Limoges le 11 décembre prochain l’expliquera beaucoup mieux que moi…

On pourrait caricaturer 3 phases : la phase de reconnaissance « environnemental » (avec ses Ni Ni : non pas ni gauche ni droite mais Ni Etatisme Ni Libéralisme) , la phase de reconnaissance « gouvernemental » (et le fait de montrer que les Verts ont un projet complet au delà de l’environnementalisme…)
Vient maintenant la phase où il convient de montrer que le projet est bien global et qu’il faut l’appliquer… Non pas à la marge (façon couche de verni vert) mais dans sa globalité cohérente…

Comme je l’ai déjà expliqué les Verts (et les écologistes) vivent depuis leur émergence une histoire assez similaire à celle de la future SFIO de la fin du 19ème siècle et du débat du 20 ème… Multiplications des partis et agglomérations (notamment en 95 avec Voynet…)

Tout dernièrement encore un autre personnage fait bouger les lignes : Daniel Cohn Bendit… Mais on pourrait également parler des rôles de Cécile Duflot, Cochet, Hulot, Bové, Mamère, et bien d’autres… L’histoire s’écrit en ce moment même avec les élections européennes de 2009 et Europe Ecologie … Un coeur : Les Verts , un projet (européen mais plus encore) , et des « personnalités identifiées »…

Malgré les années difficiles (y compris ses « trahisons ») , et notamment grâce à Cécile Duflot et ses proches, les Verts sont toujours là et sont le coeur de cette future « refondation » de l’écologie politique… En espérant que les ingrédients soient les bons : un coeur cohérent, un projet , des personnalités, une diversité…

Les pistes sont là aussi : éventuelle dissolution refondation (ligne plutôt Cochet) ,  Transcroissance des Verts (plutôt Duflot et des Verts de toutes tendance avec l’idée d’une mutation progressive dont on peut lire les grandes lignes ici : voir vers la fin du PDF le texte intitulé : « Réussir la transcroissance des Verts en parti de l’écologie politique » )
et Europe Ecologie comme application concrète…

Désolé pour la longueur de cet article… j’aurai pu également parler des pourquoi des comment, des personnalités clivantes (d’ailleurs on le voit, dans la majorité des partis, il y a des personnalités clivantes) , de l’impact des crises (Mai 68 mais aussi crises pétrolières)
j’aurai pu rajouter l’inquiétude qu’on peut avoir quand à une éventuelle dissolution progressive du PS et son impact sur ses « partenaires proches » , dissolution accelérée et entamée finalement dès l’élection de Sarkozy et la fuite de certains « cadres socialistes » (Besson, Kouchner…)
Mais je vais peut être m’arreter là…