Avenir des Verts dans le monde

Alors que certains médias proclament la mort des écologistes en France, il convient de regarder ce qui se passe ailleurs dans le monde. D’une part pour s’en inspirer, d’autre part pour constater que partout malgré les hauts et les bas, les Verts deviennent une des forces les plus importantes politiquement (la 3ème politique bien souvent, voir la force d’opposition quand socialistes et conservateurs finissent par s’allier)

Philippe Lamberts, porte-parole du PVE, a fait il y a quelques mois un récapitulatif des résultats électoraux des Verts, en Europe, aux différents scrutins de 2007 :
* 8,5 % (+ 0,5 %), 15 députés (+ 1) et 3 ministes (+ 3) en Finlande ;
* 16,4 % (+ 3,8 %), 14 députés (+ 2) et 2 ministres (+ 2) dans le Land de Brême
* 4,7 % (+ 0,9 %), 6 députés (=) et 3 ministres (+ 3) en Irlande
* 9,1 % (+ 3,6 %) et 12 députés (+ 8) en Belgique
Il ignorait encore que la semaine suivante, le 21 octobre, les Verts suisses complèteraient le tableau en obtenant 9,6 % (+ 2 ,0 %) et 20 sièges (+ 6).
Seuls les résultats des Verts en France, avaient assombri quelque peu le tableau :
* 1,57 % (moins 3,7 %) à la présidentielle,
* 3,4 % (moins 1,1 %) et 4 députés (+ 1) aux législatives
Mais Philippe Lamberts rappela que le système électoral français (absence de représentation proportionnelle, inversion du calendrier électoral..) expliquait largement un tel recul.

En Australie :

Les élections législatives et sénatoriales du 24 novembre en Australie ont conforté les Verts comme la 3ème force politique du pays derrière les deux grands partis conservateur (Liberal Party) et travailliste (Labor Party).

Dans ce contexte, les Verts australiens enregistrent le meilleur score de leur histoire avec 7,59 % (7,19 % en 2004) à l’élection pour la chambre des représentants. Ils ont obtenu jusqu’à 11,85 % à Brisbane, mais, en raison du système uninominal à un tour, ils n’ont aucun élu, travaillistes et les conservateurs trustant tous les sièges. Aux sénatoriales par contre, qui ont lieu à la proportionnelle dans des circonscriptions attribuant 12 sièges chacune, les Verts ont obtenu 5 sénateurs (dont 3 femmes et leur leader, Bob Brown, réélu en Tasmanie depuis 1996), soit un de mieux qu’en 2004. Ils pourraient être rejoints par une sixième sénatrice, quand les résultats définitifs du Queensland seront connus.

On peut ainsi regarder pays après pays.

Partout on peut constater que les Verts ont éprouvé des difficultés dans les années 95 à 99 : une période où beaucoup se sont divisés entre poursuite d’un Ni Ni et participation éventuelle à la gouvernance (local ou national, principalement avec les socialistes).
La participation fut en générale récompensée les années qui suivirent (vers 1999 -2001…) mais les résultats varièrent suivant les différences institutionnelles : ainsi le cas Français montre des résultats faibles nationalement (présidentielles, législatives) mais correspondant assez aux autres pays pour les élections plus locales (régionales, cantonales, municipales).

Partout les Verts semblent suivre une courbe pouvant se résumer ainsi : naissance dans les années 80, progression jusqu’au début des années 90, baisse dans les années 95 à 2000, nouvelle progression à partir de 1999-2000 avec des beaux scores autour de 2004 puis 2007 (avec quelques cas particuliers).

Autriche :

Les Verts recueillent 11,1 % des voix aux dernières élections d’octobre 2006, et 21 députés sur 183, devenant ainsi le troisième parti du pays. Ils sont actuellement la principale force d’opposition au gouvernement unissant socialistes et conservateurs.

Comme de nombreux partis Verts dans le monde il est né d’une fusion de mouvements : le parti naquit en 1986 de la fusion des « Vereinte Grüne Österreichs » (VGÖ, Les Verts unis, créée en 1982) et de l’« Alternative Liste Österreichs » (ALÖ, Liste alternative d’Autriche, créée en 1983). Le nom initial était « Grüne Alternative » (alternative verte), en 1995 on changa le nom en « Die Grünen – Die Grüne Alternative (Grüne) » (Les Verts – L’Alternative Verte (Verts)).

De même comme dans de nombreux pays (et contrairement à la France) les Verts doivent faire face à des coalitions élargies (notamment localement). Ils doivent alors choisir entre une participation à l’alliance Conservateur/Socialiste ou être dans l’opposition.

Notons que :

En 2003, les Verts tyroliens obtinrent le meilleur résultat jamais obtenu au niveau régoional en Autriche, avec 15.6% des voix et cinq sièges. Dans la capitale, Innsbruck, les Verts atteignirent 27% des voix. Cela permit également au Vert de désigner pour la première fois dans l’histoire de l’Autriche un membre de la Chambre haute du parlement. C’est à Eva Konrad qu’est revenu cet honneur.

Lors des élections communales de 2004, les Verts doublèrent leur nombre de mandats dans les conseils locaux. En ville d’Innsbruck, ils occupent désormais 8 des 40 sièges du parlement. La même année, ils obtinrent 17.3% des voix lors des élections européennes et Eva Lichtenberger devint députée européenne. A cette occasion, les Verts devinrent le premier parti d’Innsbruck en obtenant 28.3% des voix.

Belgique :

Ecolo (Écologistes Confédérés pour l’Organisation de Luttes Originales[1]) est un parti francophone belge se réclamant de l’écologie politique

Son histoire n’est pas non plus sans difficulté :

Ils furent les vainqueurs surprise des élections du 13 juin 1999, augmentant sensiblement leur score dans la majorité des cantons électoraux (passant généralement de 5-10 % à 15-20 %). Ce bond a été attribué à la crise émotionnelle ayant suivi l’affaire Dutroux et la crise de la dioxine.

Lors des élections communales et provinciales d’octobre 2000, Ecolo réitéra ses bons scores et entra dans de nombreuses coalitions communales, tantôt « petit olivier » (PS-Ecolo-CDH) tantôt non (PRL-FDF-Ecolo par exemple

Ecolo tint pourtant sa place au gouvernement fédéral jusqu’au 5 mai 2003 où, dans le dossier du survol nocturne de Bruxelles, Isabelle Durant refusa la signature d’un accord et fut dessaisie de ses fonctions par le Premier ministre, Guy Verhofstadt, qui les attribua à une autre ministre, Laurette Onkelinx. Suite à cet événement, Isabelle Durant et Olivier Deleuze démissionnèrent de leurs postes et depuis Ecolo siège dans l’opposition au Parlement fédéral.

Les élections fédérales du 18 mai 2003 virent le score d’Ecolo chuter sous la barre des 10 %, obtenant quatre députés fédéraux et un sénateur élu direct (auquel vint s’ajouter un sénateur coopté).

La chute fut stabilisée lors des élections régionales et européennes du 13 juin 2004, lors desquelles Ecolo n’obtint toutefois qu’un seul député européen (Pierre Jonckheer) contre trois en 1999.

Faut il voir des sanctions contre les divisions des Ecolos ?

Au lendemain des élections communales du 8 octobre 2006, Ecolo, par la voix d’Isabelle Durant a refusé de concrétiser un accord pré-electoral avec le CDH et le PS visant à offrir l’écharpe maïorale à la Ministre de la Justice Laurette Onkelinx. L’accord, né en 2003, visait à substituer à la majorité MR-Ecolo en place une majorité « Olivier » regroupant socialistes, démocrates et écologistes

Les élections législatives du 10 juin 2007 ont permis à Ecolo de remporter un succès important et de doubler sa représentation au Parlement.

Finlande :

En 1999, les Verts obtinrent 7.3% des voix et onze sièges. Ils restèrent au gouvernement jusqu’au 26 mai 2002, date à laquelle ils quittèrent la coalition gouvernementale pour protester contre la décision de construire une nouvelle centrale nucléaire. En 2003, ils obtinrent 8% des voix et 14 sièges, puis, en 2007, 8.5% des voix et 15 sièges. Ils entrèrent alors à nouveau au gouvernement où ils occupent désormais deux ministères

A Helsinki, la capitale, elle est devenue le deuxième parti de la ville en 2000 en obtenant 23.5% des votes

La Ligue verte n’est plus un parti de protestation ou un mouvement alternatif. Le parti a trouvé se place au centre-gauche, avec un agenda politique basé sur les problématiques écologiques. Cependant, beaucoup de candidats verts rejettent leur classification à gauche ou à droite de l’échiquier politique.

Dans son programme, la Ligue critique aussi bien l’économie de marché que le socialisme, parce que tous deux seraient incapables de prendre soin de l’environnement, des pays en développement ou des générations futures et se concentreraient trop sur la croissance économique. Les principes majeurs du programme du parti sont la protection de l’environnement, la démocratie participative et la justice sociale.

Italie :

Malgré des scores relativement faibles les Verts ont toujours obtenus des députés ou des représentants locaux. Mais ils se sont retrouvés bien souvent étouffés dans des coalitions très larges. Comme la France (en pire ?) , l’Italie doit composer avec de nombreux partis. Ces partis s’allient ensuite dans des grandes coalitions. C’est ainsi par exemple le cas de l’Union où on retrouve une dizaine de partis faisant souvent dans les 2 à 3 % et une coalition interne (L’Olivier) …

On peut noter que la France n’est finalement pas si loin de ce cas là, malheureusement, et que ce sont les institutions favorisant les partis faisant les plus grands scores qui évitent la création de ce type de coalition.

Lettonie :

En 1993, les Verts entrèrent au gouvernement letton, Indulis Emsis occupant le poste de ministre de l’environnement. Il s’agit du premier vert à avoir été nommé ministre dans un gouvernement national.

En 2004, Indulis Emsis devint premier-ministre de la Lettonie pendant quelques mois. Il s’agit du seul vert à avoir jamais été chef d’un gouvernement dans le Monde.

Luxembourg :

L’écologie a également connu des remous dans ce pays. Les Verts ont été fondés le 23 Juin 1983. Aux élections législatives de 1984, le parti obtient deux sièges à la Chambre des députés. Toutefois le parti se divise en deux nouvelles formations en 1985, la GLEI (Liste Verte, Initiative Ecologiste) et le GAP (Parti de l’Alternative Verte). Les deux formation participent séparément aux élections législatives de 1989, et gagnent chacune deux sièges.

En 1994, les deux partis présentent une liste commune aux élections législatives, et gagnent ensemble cinq sièges à la Chambre, en récoltant environ 11% des suffrages, et devenant ainsi la cinquième force parlementaire. Cette même année, l’alliance remporte un des six sièges de députés européens accordés au Luxembourg. En 1995 les deux partis fusionnent officiellement et reprennent leur nom d’origine

Lors des élections législatives de 1999, les Verts perdent un nombre considérable de voix (en tombant à 9%). En 2004 les Verts renouent avec le succès, en gagnant sept sièges à la Chambre des députés


Angleterre :

Aux élections européennes de 1989, le parti vert a obtenu 2,3 millions de voix, soit 15 % des suffrages. Mais les élections européennes au Royaume-Uni ayant été organisées sur la base du « first pass the post » (celui qui obtient le plus de voix est élu), le parti n’a pu gagner aucun siège avec ce système. Les partis politiques traditionnels ont cependant été alarmés par la performance des Verts et ont adopté quelques mesures politiques écologistes afin d’essayer de parer cette menace.

En raison de dissensions au sein de sa direction au début des années 90, le Parti vert n’a pas maintenu son élan électoral et n’a pas pu répéter les succès réalisés à la fin des années 80.

En 2005, le Parti vert n’avait pas encore réussi à obtenir de députés, en raison notamment du système du « first pass the post » qui favorise les formations traditionnelles. Cependant, lors de l’élection générale de 2005, les Verts sont arrivés troisièmes, grâce à Keith Tailor qui a reçu 22 % des suffrages à Brighton.

Le parti a 70 conseillers locaux élus ; il a gagné 10 conseillers lors des élections locales de 2004. Les Verts ont une représentation importante à Brighton, Oxford, Lancaster et Norwich. Le Parti vert fait partie, avec les conservateurs et les démocrates libéraux, de la coalition qui dirige le conseil municipal de Leeds ; avec les démocrates et les travaillistes, de celle qui dirige le conseil municipal de Lancaster ; avec les démocrates libéraux, de celle qui dirige le conseil de Kirklees.

Suisse :

Les Verts sont issus de deux courants historiques, une aile rouge-verte, clairement marquée à gauche, et une aile plus centriste. Dans quelques cantons, il y a eu deux partis verts, représentants chacun une tendance. Cette situation a tendance à disparaître, même si elle subsiste encore dans certains cantons (Bâle-Ville, Berne).

Évolution du groupe au Conseil national :

  • 1979: 1 (Daniel Brélaz, premier écologiste à siéger dans un parlement national en Europe).
  • 1983: 4
  • 1987: 11
  • 1991: 14
  • 1995: 11 (9 Verts et 2 alliés)
  • 1999: 10 (9 Verts et 1 allié)
  • 2003: 15 (13 Verts et 2 alliés)
  • 2004: 14 (Exclusion de Martin Bäumle du groupe des Verts)
  • 2007: groupe non encore constitué, mais 20 sièges Verts

En résumé :

Partout dans le monde les Vert :

– sont : né d’une coalition de mouvement. Très souvent l’alliance d’une aile gauche alternative et de mouvements écologistes. Ces divisions sont le ferment des Verts depuis leur origine

– ont vécu des résultats souvent parallèles : naissance dans les années 80, progression jusqu’au début des années 90, baisse (autour de 95 à 1999) suite à une division entre autonomistes et désir de gouverner (et donc de s’allier) , puis remontée suite à leur participation à des gouvernements (de gauche) , stabilisation ou légère baisse suite à certains défaites ou victoires de la gauche (avec pour certains écolos le désir de participer à des gouvernements de centre droit)

– voit leur score baisser à chaque fois qu’ils se divisent

– ont du mal à exister dans des coalitions larges (gauche plurielle en France) voir très larges (en Italie)

– deviennent LA force d’opposition quand les grands partis (conservateur et socialiste) finissent par s’allier.

– se divisent historiquement entre gauche alternative et écologistes progressistes. Et se retrouvent influencés dans leurs stratégies et désirs par les scores des partis proches (autres gauches alternatives proposant l’union anticapitaliste ou partis démocrates plutôt sociaux-centristes)