Pourquoi la Grenouille ne sort-elle pas de la casserole sur le feu ?

Je vous propose tel quel l’excellent texte de Nadia Castano.

Nadia est depuis peu co secrétaire Europe Ecologie Les Verts Limousin avec Didier Tescher

Elle est également la remplaçante de Patrick Braeckman sur le canton de St Germain Les Belles

Il y a un peu plus de 40 ans de cela, les premiers écologistes sonnaient l’alarme quant au changement climatique et aux pollutions diverses que risquaient de connaître les générations futures : nous. « Alarmistes ! Catastrophistes ! », leur répondait-on, quand ce n’était pas « Hippies dégénérés ! ». Rien ne saurait arrêter la marche du « progrès » et de la « révolution verte »…

Il y a quelques années encore, on répondait aux propositions des écologistes engagés en politique (car, faute d’avancées législatives, ils s’étaient finalement décidés à partir aussi sur ce front-là) qu’ils voudraient nous faire revenir au temps de l’éclairage à la bougie et, tant pis pour l’augmentation de l’espérance de vie, que nous n’allions bientôt plus manger que des racines et des graines si on les écoutait !

Aujourd’hui, je me demande parfois combien de semences d’espèces comestibles naturelles et fertiles l’humanité aura conservé d’ici que je sois en âge d’être grand-mère… en supposant que notre espèce arriverait encore à se reproduire à cette époque-là.

Bref, « on n’est pas sortis du sable » !

La grande question aujourd’hui est la suivante : pourquoi n’arrive-t-on pas à la changer le cours des choses alors que les constats des dégâts écologiques de notre civilisation sont aujourd’hui reconnus par l’ensemble de la communauté scientifique internationale ? Pour quelle raison la grenouille ne sort-elle pas de la casserole sur le feu ? Ecoutons donc les réponses de ces chers amphibiens…

La grenouille désabusée de 18 à 35 ans : Après tout, l’eau tiède, c’est pas si mal ; profitons-en avant que ça ne devienne vraiment chaud… De toute façon, c’est pas nous qu’on a allumé le gaz, alors je vois pas ce qu’on pourrait y faire.

La grenouille jeune cadre dynamique : Chauffer l’eau augmente la flottaison des grenouilles et cette élévation sera bénéfique pour tous ! Et puis, si j’ai trop chaud, je prends appui sur quelques grenouilles plus faibles et respire de l’air frais ; peut-être même qu’un jour je serai tout en haut d’une immense pyramide de congénères subalternes accessoirement un peu cuits…

La grenouille solidaire : Il faut bien maintenir l’élévation de la flottaison des grenouilles, mais en essayant de mieux répartir les bénéfices pour tous. Frères anoures, joignons-nous donc les pattes pour qu’aucune grenouille ne cuise plus vite qu’une autre !

La grenouille révolutionnaire : Il faut découper le fond de la casserole car c’est de là qu’arrive la chaleur ! Courage, amis amphibiens, continuons de gratter le fond et un jour nous aurons les flammes…

En aurais-je oublié ? Ah si, j’ai failli oublié la grenouille « vieille France » : Le réchauffement de l’eau est dû aux activités incongrues et dérangeantes des grenouilles exotiques venues nous envahir ; jetons-les donc par-dessus bord, en visant le dessous de la casserole ! No comment.

Bien, une fois qu’on a entendu tout ça et des années durant, pouvons-nous encore envisager de tout simplement de sortir de la casserole pour couper le gaz ? C’est pourtant ce que proposent les grenouilles « vertes » depuis longtemps déjà, mais il semblerait qu’aujourd’hui on commence à les écouter…

Alors, très chers habitants du le canton de St-Germain-les-Belles en Limousin, à qui confierez-vous vos têtards ces prochaines années ?

Nadia Castano